Date de publication: 30 août 2018
Le Québec, champion mondial des projets pilotes
Yanick Labrie, porte-parole du CEPSEM, Conseil des entreprises privées en santé et mieux-être
S’il y a un domaine lié à la santé où le Québec remporte la palme, c’est bien celui des projets pilotes! Le Québec est le champion mondial des projets pilotes en santé. On en fait à répétition. Malheureusement, ceux-ci aboutissent rarement sur du concret et on tarde à mettre en place les réels changements qui s’imposent.
Les services d’infirmières praticiennes sont utilisés par les Américains, les Anglais et les Australiens avec succès depuis 50 ans. Qu’à cela ne tienne, il nous faut recourir à un projet pilote pour évaluer les bienfaits d’incorporer ces « superinfirmières » dans les équipes médicales. La prise de rendez-vous en ligne est disponible depuis près de 20 ans dans bon nombre de pays, dont le Danemark et l’Angleterre. Peu importe, nous en sommes toujours à l’étape d’en examiner le mérite dans le cadre d’un projet pilote. Et que dire du financement des hôpitaux à l’activité, promis depuis des lunes et mis en place dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE? Bien évidemment, il nous fallait faire notre propre projet pilote!
Pourquoi l’innovation fait-elle du surplace en santé, alors qu’elle est omniprésente dans toutes les autres sphères de notre économie? La raison est simple : lorsqu’on laisse les coudées franches aux entrepreneurs, dans un contexte de saine concurrence, on voit émerger des initiatives novatrices pour répondre aux besoins de la population. Ces entreprises ne se contentent pas de faire des projets pilotes, elles foncent! Et elles innovent.
Il est grand temps d’oser aller plus loin et recourir davantage à l’expertise des entrepreneurs en santé. C’est d’ailleurs ce que les Québécois veulent. Les sondages le montrent depuis longtemps: les Québécois sont insatisfaits du système de santé et estiment ne pas en avoir pour leur argent. Selon un récent sondage Léger, trois répondants sur quatre au Québec se disent favorables à ce que le gouvernement fasse appel à des partenaires externes – des entreprises privées, des OBNL ou des coopératives – afin d’améliorer l’accès aux soins dans le réseau public de santé.
Nous avons des solutions éprouvées ailleurs dans le monde, qui font place à l’entrepreneuriat, à la concurrence et au libre choix des patients. Nous avons des professionnels de la santé, des infirmières aux pharmaciens, prêts à en faire plus. Nous avons des technologies conçues par des compagnies d’ici, par des créateurs d’ici, qui pourraient être déployées à plus grande échelle. Nous avons des entrepreneurs et des innovateurs prêts à faire bénéficier les patients d’ici, plutôt qu’uniquement ceux des pays étrangers. Rajoutez une population qui se dit mûre pour du changement et tous les ingrédients sont réunis pour initier un véritable mouvement d’innovation en santé.
Les projets pilotes, c’est bien beau. Mais imaginez si on osait aller plus loin. Afin de nous permettre d’innover, de profiter pleinement de la collaboration du secteur privé en santé, et d’arriver enfin au 21e siècle. Nul besoin de réinventer la roue dans notre système de santé; ce qu’il faut, c’est retirer le bâton qui l’empêche d’avancer.
Par Yanick Labrie
Source : Mouvement Innovation Santé